Et le bureau devint constellaire

Je travaille en ce moment sur un projet d’hôtel constellation. J’ai donné le nom à ce concept d’hôtel dont les fonctions et services sont dispatchés entre plusieurs bâtiments d’un même quartier. Ce genre d’hébergement existe déjà plus ou moins à l’étranger - notamment en Italie - sous le nom d’albergo diffuso. On n’en rencontre pas en France, pas à ma connaissance. Sa vocation est de développer un tourisme responsable dans des lieux à potentiel sans dépourvu d’hôtel. Plutôt que de construire un hôtel de toute pièce en plein centre-ville et casser l’harmonie existante, on démantèle les fonctions de l’hôtel que l’on place dans différents bâtiments du quartier : l’accueil à l’entrée, le restaurant au centre, les chambres à droite à gauche. Traverser l’hôtel est l’occasion de découvrir le quartier pour le visiteur. L’habitant de l’hôtel peut bénéficier des infrastructures partagées de l’hébergement et tout le monde peut s’y rencontrer et faire connaissance. Et si le bureau changeait aussi pour passer en mode constellaire ? Le siège social, le tiers lieu et le domicile du collaborateur seront occupés de façon alternative par le salarié selon un rythme qui lui sera propre ou propre à son employeur. Il ira au siège pour rencontrer ses collègues, il se rendra à son tiers-lieu de quartier pour partager des moments de vie et des infrastructures de travail, sans faire peser le temps de transport sur agenda. Il restera chez lui pour être au calme et jongler facilement avec des contraintes personnelles. L’architecte d’intérieur sera alors le concepteur qui traitera des seuils et assurera la continuité entre les espaces et les modes de collaboration : espaces privatifs et publics ou partagés, espaces distants et de proximité. Il accompagnera l’entreprise dans son évolution et l’aidera à organiser le rythme de ses interactions physiques et numériques. Tout un nouveau programme. Le 25/01/2021

Balade d’une architecte au Quartier Haut de Sète

Mon cœur d’architecte bat quand je l’arpente. C’est un petit Montmartre à la Sétoise : pittoresque à souhait, le quartier offre des points de vue sur la ville et la mer à couper le souffle. Il commence sur la jolie place de la Mairie et s’étend tout autour de l’église Saint-Louis jusqu’au Cimetière marin. Des maisons de pêcheur colorées bordent des rues étroites sur les pans de la colline. Le quartier se rénove à grands pas mais il reste des maisons à dégoter, avis aux amateurs ! Sur quelques façades sont peintes des fresques d’artistes locaux. Le plan de ce MACO (Musée A Ciel Ouvert) est disponible à l’office de tourisme, il permet de se faire un parcours dans le quartier. Sinon, mon trajet préféré - et quasi quotidien - est le suivant (cf carte ) : - Démarrer sur la place de la Mairie et prendre un café chez Boule, institution locale, et repère des jouteurs sétois. Prendre le pouls de la ville à l’ombre des platanes et des maisons colorées. - A l’angle Sud-Ouest de la place, prendre la rue du Palais puis au bout à droite la rue Garenne. - Tourner à gauche au niveau du Bar du Plateau, rue des 3 journées, jusqu’à l’Église Saint-Louis. Elle est rarement ouverte mais je recommande de monter sur le parvis car la vue sur les toits de la ville y est plutôt jolie d’ici. - Redescendre les marches et poursuivre sur ma rue préférée, la rue Villaret Joyeuse qui longe le port et la ville. Des petites ruelles partent à droite, certaines sont mignonnes, notamment la première, la ruelle des Députés. Je rêve d’acheter une maison sur cette rue, évidemment, la rénover, lui ajouter une terrasse tropezienne... Et vivre, face à la vue, d’amour et d’architecture. - Poursuivre jusqu’à la Place de l’Hospitalet où se trouve le Café Social, autre institution locale (ouvert le soir uniquement pour l’apéro et le diner et en basse saison, seulement le week-end). - A l’angle du Café Social, tourner à droite pour atteindre après quelques pas et 2/3 marches, la Grande Rue Haute, tourner à gauche dans cette rue pour continuer à longer la mer que l’on retrouve très vite en vue. - Au niveau du restaurant la Coquerie, soit prendre à droite vers le Musée Paul Valéry (qui vaut le coup au moins pour sa vue qu’on peut admirer du café/resto et parfois pour ses expositions) puis continuer jusqu’au Cimetière Marin ; soit continuer tout droit sur la rue Jean Vilar pour rejoindre le front de mer (possible de faire l’un après l’autre bien sûr). - Je continue généralement jusqu’au front de mer pour mon trajet quotidien… donc prendre la rue Jean Vilar, laisser passer le musée de la mer et continuer encore un peu jusqu’à prendre une ruelle à gauche qui descend vers le front de mer : la rue du Chant des Vagues (si joli nom !). - En bas, traverser la route pour atteindre la promenade aménagée le long de la mer (Promenade du Maréchal Leclerc) et marcher quelques minutes jusqu’à une grande sculpture que les Sétois appellent le « Décapsuleur ». Juste avant, il faut avoir vu sur la droite, de l’autre côté de la route une fresque en verre représentant la Méditerranée, c’est une œuvre de Jean Denant, un artiste qui monte qui monte, comme pas mal d’autres artistes sétois. - Juste après le Décapsuleur se trouvent les criques (Crique de l'Anau et plage du Lazaret), les plages accessibles à pied depuis le centre-ville, l’accès à la première n’est pas plat, mais elle est plus charmante, l’accès à la seconde est très facile : il faut continuer jusqu’au début du quartier de la Corniche et s’avancer vers les immeubles récents (Années 80) du front de mer, prendre à gauche une rue qui tourne à droite et on trouve un accès à la plage quelques dizaines de mètres plus loin.

Le paradoxe du design … ou la créativité par le copier/coller

La mode c’est ce qui se démode
Jean Cocteau

La mode se démode, le style jamais
Coco Chanel

« On voyage de plus en plus », « l’ère est à la mondialisation et à l’uniformisation du goût », « Tous uniques, tous différents « , « creativity is the key » … toutes ces phrases tarte à la crème se côtoient allègrement aujourd’hui dans les articles et les présentations power point et soulèvent toutes ensemble un paradoxe : alors que les mots « créativité » et « design » sont sur toutes les lèvres, on observe une uniformisation croissante des façon de s’habiller ou de décorer son intérieur.

Tout le monde rêve d’avoir des baskets personnalisées avec son nom… à condition que ce soit des Stan Smith ! Tout le monde poste sur Facebook une photo de soi sirotant un capuccino dans un coffee-shop à l’autre bout du monde…décoré avec des meubles scandinaves entourés de murs blancs, éclairés par des ampoules nues…

Internet et les réseaux sociaux ont crée un décor global pour nos intérieurs : carreaux de ciment et verrière chez les particuliers, béton ciré/murs délabrés et bois clairs dans les espaces de co-working. Pourquoi rêve-t-on d’ailleurs si c’est pour être partout dans un même lieu ? N’a-t-on pas peur d’habiter chez les autres ?

Pourtant il ne serait pas si compliqué de donner une identité forte et une couleur unique à son intérieur. Un intérieur n’est rien d’autre que la rencontre entre un lieu et ses habitants. Un lieu a une histoire qui marche ses murs, il s’inscrit dans un environnement qui font sa silhouette et ses espaces : une maison bretonne ne ressemble jamais à un chalet montagnard, les matériaux du coin les ont façonnés et sont autant d’ingrédients pour créer leur design intérieur. Chaque individu a son histoire également, ses meubles de familles, ses photos de voyage, ses coups de cœurs rapportés d’une brocante ou d’une expatriation à Shanghai.

N’ayez pas peur d’avoir mauvais goût, inspirez-vous un peu des tendances sans jamais en être dépendant. Soyez-vous-mêmes chez vous, incarnez votre intérieur, soyez fous, soyez vous ! Et rappelez-vous ce que disait Coco Chanel : « La mode se démode, le style jamais »

À vos intérieurs !

Rénover un lieu : artisans, architectes, ingénieurs …. Qui fait quoi ?

Depuis ma reconversion vers l’aménagement et la décoration, je suis souvent sollicitée pour un éclairage sur le rôle de chacun dans la rénovation d’un bien immobilier. Il est en effet peu évident de savoir qui fait quoi, d’autant plus que chacun peut faire un peu du rôle de l’autre…!

Partons d’un exemple simple : vous achetez un appartement propre qui vous plaît beaucoup en l’état mais dont les peintures commencent à jaunir ; vous souhaitez repeindre avant d’emménager mais n’avez plus les fonds pour vous faire aider ou même vous aimez bricoler : vous faites alors le travail seul, pas d’intervenant, c’est simple ! Vous êtes à la fois Maitre d’Ouvrage (propriétaire), Maitre d’Œuvre (concepteur et coordinateur de la rénovation) et Artisan (faiseur).

Imaginons désormais que réalisez que la salle de bain est tout de même un peu vieillotte, que sa plomberie pourrait défaillir d’ici 3 ans ; vous vous dites qu’il vaut mieux refaire cela maintenant qu’une fois installés ; cela se corse, et vous n’avez plus le temps de tout gérer. Vous faites appel à un Entrepreneur qui fera la salle de bain et les peintures. Vous discuterez ensemble des choix de réaménagement, de matériaux, et de couleurs pour la salle de bain, il ira certainement tout acheter et fera les travaux en quelques semaines.

Et si finalement, au point où vous en êtes, vous en profitiez pour refaire la cuisine ? Et si la cuisine d’ailleurs n’était pas un peu petite et sombre ? Et si on faisait comme on voit partout sur Pinterest : on ouvre la cuisine sur le séjour ? Et si on changeait le plan ?... Vous sentez que l’appartement pourrait être 10 fois plus agréable si toute sa configuration était modifiée. Oui mais voilà, vous n’avez pas d’idées, vous n’avez pas de temps pour réfléchir. On vous a parlé d’un architecte d’intérieur ou un décorateur qui pouvait vous aider, vous lui demandez conseil. Il pourra visiter votre bien et vous suggérer des optimisations de plan, vous donner des idées en termes de matériaux, de décoration, d’ameublement….

Que vous livrera-t-il ? Selon la prestation, il vous livrera des conseils oraux lors d’un rdv avec quelques croquis à l’appui ou bien des plans ou aussi des listes de matériaux…il pourra vous mettre en contact avec des entrepreneurs et des artisans et il vous aidera à comparer leur devis et leurs prestations de service. Il pourra même vous aider à suivre le chantier, coordonner les différents corps de métier pour vous faire gagner du temps et vous aider à prendre les bonnes décisions tout au long des travaux.

Et si au contraire, vous aviez plein d’idées vous-même ? Si vous saviez dessiner, vous aviez une bonne vision dans l’espace et n’aviez finalement besoin que d’une aide sur le chantier car vous n’êtes pas sur place ou vous n’avez pas le temps de suivre les travaux ? Sachez qu’il existe des Conducteurs de Travaux (appelés souvent « Maître d’œuvre ») qui pourront faire ce travail à votre place ; ils facturent généralement un pourcentage du montant des travaux (5 à 7%).

Vous êtes enchantés par les idées de votre architecte d’intérieur, vous voulez aller aussi loin que ses rêves : vous souhaitez désormais abattre des cloisons. Certaines sont épaisses et il est bien probable qu’elles soient « porteuses » : c’est-à-dire qu’elles contribuent à faire tenir l’intégralité de la construction de l’immeuble. Pas question alors de faire n’importe quoi car vous risquez de mettre en danger toute la copropriété. La loi protège d’ailleurs l’immeuble : les murs porteurs sont considérés comme appartenant à la copropriété et vous ne pouvez pas y toucher sans avoir le consentement de cette dernière lors d’une assemblée générale. Vous vous tournez alors vers un Bureau d’Étude pour une double mission : valider que les murs sont porteurs et si ceux-ci le sont, calculer les forces et les poids portés par ces murs afin de savoir comment les remplacer par une autre structure porteuse ouverte (IPN). Il vous faudra vous assurer (Assurance Dommage Ouvrage) et demander l’attestation d’assurance du bureau d’étude. Certaines copropriétés exigent également qu’un Architecte DPLG ou HMO (diplômé d’état) intervienne et signe les plans du futur appartement après remplacement du mur porteur par un IPN.

Finalement, plus rien ne vous arrête, vous voyez désormais les choses en grand et n’avez plus peur de rien : vous préférez tant qu’à faire acheter une maison à retaper et agrandir. Alors là…c’est une autre histoire encore…suite au prochain numéro !

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